Une expérience à vivre !
Après m’y être rendu en 2004, peu après la mise en place du grand réseau ontarien, me voilà de retour dans le Nord de l’Ontario, chez mes amis Franco-Ontariens, pour constater comment ont évolué les choses.
Au programme, la plus grande partie du circuit du Corridor du Nord (northerncorridor.ca) de Sault-Sainte-Marie à Cochrane, d’ouest en est. J’étais alors accompagné de Patrice Dubreuil, un homme d’affaires et hôtelier de Dubreuilville, passionné de loisirs motorisés et de motoneige hors-piste. Il avait avec lui son père, Raymond, 74 ans, qui a baigné dans le monde de la motoneige toute sa vie, grand bénévole de la OFSC, qui ne donne pas sa place aux commandes de sa machine.
Départ de Searchmont
Comme beaucoup de motoneigistes de l’extérieur, nous allons d’abord dans la localité de Searchmont, au nord de Sault-Sainte-Marie, où des propriétaires terriens louent des espaces de stationnement surveillés pour les voitures et les remorques au départ du sentier. Nous pouvons nous considérer chanceux de profiter d’une magnifique journée ensoleillée et d’excellentes conditions d’enneigement alors qu’il pleut à boire debout sur le reste de l’Ontario et partout au Québec. Pas de glace sur les sentiers alors qu’ailleurs, le fond est bien glacé depuis le début de l’hiver.
Quant au sentier, dans sa portion jusqu’à Wawa, il épouse une succession de courbes faciles à enchaîner et peu de longs droits. Ce qu’il y a de plus surprenant, après coup, c’est d’avoir parcouru 155 km sans jamais avoir franchi une traverse de chemin. Étonnant !
Halfway Haven Lodge
Situé à mi-chemin sur le très long parcours entre la ville de Wawa et Sault-Sainte-Marie, l’auberge Halfway Haven a d’abord été un relais de ravitaillement où on plaçait autrefois de l’essence pour les motoneiges et les VTT. Le Halfway Haven est une pourvoirie qui s’est développée il y a une vingtaine d’années autour d’une simple cabane. Aujourd’hui, c’est une grosse cabane pittoresque au style indéfinissable qui peut accueillir 36 personnes dans des petites chambres. L’endroit isolé se démarque par sa rusticité et sa simplicité, bien qu’il ait la télé et le Wifi, ainsi que son ambiance on ne peut plus relax et conviviale.
Wawa et Dubreuilville
La poursuite en sentier jusqu’à la ville de Wawa, à la pointe nord-est du lac Supérieur, se déroule dans des conditions similaires à la veille. Une grande partie du circuit suit les lignes de transmission électrique, ce qui est très fréquent en Ontario. L’étape dans cette capitale touristique régionale qu’est Wawa, où l’oie blanche est le symbole partout présent, à la pointe du lac Supérieur, se déroule dans une institution locale, le Wawa Motor Inn, un restaurant-motel et bar à l’architecture intérieure impressionnante.
Le dîner comble fort bien nos appétits avant de reprendre la route en passant par Fume Kill, un ancien site de la mine Magpie où les grands espaces ouverts, à la végétation clairsemée, se prête magnifiquement au hors-piste. Ce dont Pat ne se prive surtout pas, lui qui est un virtuose en la matière. Puis nous emprunterons la rivière Magpie pour nous rendre à Dubreuilville, la ville fondée par le père de Raymond, le grand-père de Pat. Cette étape en milieu francophone se veut extrêmement agréable alors que les motoneigistes sont choyés comme des visiteurs privilégiés. Nous y sommes accueillis au motel Relais Magpie par Patrick Bouchard qui porte une attention très particulière aux besoins des motoneigistes. La qualité de l’édifice de pierre que possède Pat Dubreuil rassure à l’arrivée et cette qualité se reflète ensuite à l’intérieur dans les moindres détails dont plusieurs sont prévus pour accommoder les amateurs de loisirs motorisés, dont un garage chauffé. On nous conduit en soirée au restaurant voisin pour un souper et de nombreuses rencontres tout en français.
Sentier cinq étoiles
À partir de Dubreuilville jusqu’à Hornepayne et Hearst (ce sera ainsi jusqu’à la fin de l’excursion à Cochrane et plus loin) nous entrons sur le Corridor du Nord et roulons sur l’un des plus beaux sentiers qu’il soit possible d’imaginer (1700 km en comptant les boucles). Un cinq étoiles sur tous les points. Un sentier parfaitement enneigé et entretenu mais, surtout, extrêmement bien conçu. On l’a aménagé sur deux largeurs de surfaceuses et, même s’il ne présente pas beaucoup de longs droits sur lesquels foncer, il demeure rapide avec ses courbes larges se déployant progressivement sans aucun mouvement brusque, ce qui assure le parfait contrôle sans briser le rythme. Un véritable ballet qui dure toute la journée.
L’étape Hearst
Chemin faisant, un court arrêt au casse-croûte et à la station-service à Hornepayne s’impose après quoi on trouve plus d’une trentaine de kilomètres d’une route forestière fermée, parallèle au superbe sentier fédéré. Encore une fois, Pat peut s’en donner à cœur joie sur près d’un mètre de poudreuse, sans aucun danger de mauvaise surprise. L’approche de Hearst s’effectue le long de de la route Transcanadienne puis dans de beaux boisés avant l’entrée en ville.
Nous débarquons finalement à Hearst, à l’hôtel-motel Companion, le rendez-vous de nombreux motoneigistes. Hearst compte plusieurs bons hôtels qui accueillent les motoneigistes. Le Companion possède un grand garage chauffé et on y trouve aussi un excellent restaurant. Depuis Dubreuilville, nous sommes carrément en pays francophone. Cela s’entend partout et se voit dans l’affichage.
Hearst à Cochrane
Pour la dernière partie de mon séjour dans le Nord de l’Ontario, tout un groupe de motoneigistes francophones des clubs de Hearst, Smooth Rock et Cochrane nous accompagne au fil des principales villes industrielles de la région. Ce sera la portion sociale du périple avec un arrêt au relais du club de Moonbeam où nous attend une équipe souriante de cuisinières bénévoles qui nous ont concocté un délicieux repas comme elles le font pour 150 personnes par jour. On prend également une pause-café à Kapuskasing, un autre bastion francophone qui a tout pour ravitailler et héberger les motoneigistes. Puis on retourne en sentier vers quelques attraits intéressants dont un barrage construit par la compagnie Tembec, maintenant fermée, et le pont de Smooth Rock Falls sous lequel passent les motoneiges.
Fin et suite
Nous logeons à l’hôtel The Station Inn, à Cochrane. Aménagé au second étage de l’ancienne gare, où le terminus d’autocar est toujours en fonction, cet hôtel moderne, avec un restaurant dans l’édifice, assure tout le confort pour un motoneigiste seul à cause de la petitesse des chambres. Juste en face, le Best Western Swan Castle Inn est fréquenté par les motoneigistes depuis plusieurs années.
C’était la fin de ce périple pour moi mais j’aurais bien aimé poursuivre jusqu’à Timmins, une autre ville bien équipée pour recevoir les motoneigistes, et me rapprocher du Québec pour faire le lien à Ville-Marie, au Témiscamingue.
J’ai finalement été très intrigué par le long circuit hors-piste de 300 km du Canyon Abitibi sur lequel on peut s’engager à partir de Cochrane ou de Smooth Rock Falls dont on m’a dit qu’il est terriblement spectaculaire. Ce sera pour la prochaine !
Le lendemain, Pat et Raymond continueront leur route vers Chapleau avant de rentrer à Dubreuilville. « On a ajouté 1500 km sur des sentiers superbes, » m’a raconté Pat par la suite. Si jamais vous poussez la curiosité jusqu’à aller explorer les sentiers du Corridor du Nord, en Ontario, vous rencontrerez vous aussi des gens merveilleux qui ne demandent qu’à discuter motoneige avec vous… En français en plus !